L’annonce du « Fonds de Dignité Collective » par le président du parti Les Transformateurs, Succès Masra, le 11 avril 2025, via une vidéo sur sa page Facebook, a suscité un mélange d’espoir et de scepticisme au sein de ses partisans. Présenté comme un « bouclier économique » destiné à financer des projets et à combattre le chômage des jeunes, ce fonds invite les cadres supérieurs du parti à contribuer dans l’objectif d’atteindre un milliard de FCFA d’ici la fin de l’année.
Si l’intention affichée de soutenir l’emploi des jeunes est louable, une ombre de préoccupation grandissante plane sur la transparence de cette initiative, venant s’ajouter à un historique de levées de fonds dont les détails restent flous. Des voix s’élèvent au sein même du parti, exprimant un malaise quant au manque de reddition de comptes concernant les sommes collectées lors de précédentes opérations similaires.
« On nous demande de cotiser encore et encore, au nom du parti, au nom de la lutte, » confie, sous couvert d’anonymat, un militant de longue date basé à N’Djamena. « Mais où va cet argent ? Nous n’avons jamais eu de bilan clair. On nous parle de projets, mais nous ne voyons rien se concrétiser sur le terrain. »Ce sentiment de frustration et de manque de clarté semble gagner du terrain parmi les militants. Plusieurs témoignages, recueillis de manière informelle, font état d’un recul progressif de l’engagement de certains membres, désabusés par le manque de transparence financière du parti.
L’enthousiasme initial s’érode face à l’absence d’informations concrètes sur l’utilisation des fonds versés.La multiplication des appels à contribution, sans un suivi rigoureux et une communication transparente sur l’affectation des sommes, soulève des questions légitimes. Les militants, qui investissent souvent leurs maigres ressources dans l’espoir d’un changement politique et social, sont en droit de connaître la destination précise de leur argent.Cette opacité persistante risque d’entamer sérieusement la confiance des militants envers leur direction. Un parti politique, dont la force repose en grande partie sur l’engagement et la mobilisation de ses bases, ne peut se permettre de laisser planer le doute quant à la gestion de ses finances.
La transparence n’est pas seulement une question d’éthique, mais aussi une condition essentielle pour maintenir la cohésion et la crédibilité d’un mouvement politique.Il est impératif que le président Succès Masra et la direction des Transformateurs prennent conscience de ce malaise grandissant. Pour regagner la confiance de leurs militants et assurer le succès de leurs initiatives, une communication claire et régulière sur la collecte et l’utilisation des fonds est indispensable. Des rapports financiers détaillés et accessibles devraient être mis à disposition, permettant aux contributeurs de constater l’impact concret de leur engagement financier.Faute de transparence, le « Fonds de Dignité Collective » risque de se transformer en une source de division et de désillusion au sein du parti, sapant les efforts louables visant à soutenir la jeunesse tchadienne.
Il est temps pour Les Transformateurs de traduire leurs discours de changement et de bonne gouvernance par des actes concrets en matière de gestion financière. L’engagement militant mérite la clarté et la transparence.