Nommé à la tête de institution sous-régionale, en juillet 2016, le Tchadien Abbas Mahamat TOLLI, avait pris fonction en février 2017, à la fin du mandat de l’équato-guinéen Lucas Abaga NCHAMA. Dès son entame, le gouverneur de la Banque des Etats de lAfrique Centrale (BEAC), Abbas Mahamat TOLLI, a operer plusieurs changement à la tete de ladite institution bancaire. Retour sur son bilan à mis parcours.
C’est dans un contexte particulièrement éprouvant, pour les Etats membres de la Communauté des Etats Monétaires de l’Afrique Centrale ( CEMAC), et pour l’institut démission, que l’argentier Tchadien, a prit les commandes de la BEAC. En effet, ce contexte est marqué depuis 2014, par une forte baisse de coût du pétrole et par d’innombrables défis sécuritaires et sanitaires. Les économies de la CEMAC, étaient soit en récession ou affichaient de faibles taux de croissance, engendrant ainsi, un climat social morose. Les réserves de change de la BEAC, avaient connu une forte déplétion, faisant planer le spectre dune dévaluation de la monnaie commune sous-régionale.
Les sacrifices consentis par Abbas Tolli
Pour faire face à cette situation inédite et dans le sillage du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC, (PREF-CEMAC), lancé par la Conférence Extraordinaire des Chefs dEtat de la CEMAC, tenue à Yaoundé, le 23 décembre 2016, le Gouverneur de la BEAC Abbas Mahamat TOLLI, a donc entrepris, dès le début de son mandat, délaborer une stratégie de modernisation de ladite institution, autour des réformes et des mesures de redressement très fortes, tant dans les domaines des politiques monétaires et de change, de la gouvernance, ainsi que dans les métiers opérationnels. Dès février 2017, ce chantier va hisser linstitution au niveau des meilleurs standard des banques centrales en vue de consolider la stabilité macroéconomique et financière de la sous-region. Les actions autour desquelles est conçue, le Plan Stratégique de la Banque Horizon 2017 2020 (PSB 2017 2020), qui couvrent aussi les métiers statutaires que les fonctions support, afin de renforcer la conduite de la politique monétaire et doptimiser la gestion interne de la Banque. Cela a non seulement moderniser considérablement linstitution, mais a également accru les capacités de la la BEAC daccompagner avec efficacité les Etats de par la fonction de conseiller, en vertu de larticle 12 des Statuts de la BEAC, ainsi que dautres Institutions et Organes de la CEMAC par des appuis multiformes. Cette réforme a permis de moderniser les instruments et les modalités dintervention de la politique monétaire de la BEAC et les infrastructures de marché ; instaurer la mécanisation en lieu et place du tri par Etat des billets, réduisant ainsi les lourdeurs et les coûts. Le mode de détermination de la circulation fiduciaire des pays de la CEMAC a été rénové ; la réglementation des changes a été complètement revue et complétée par divers textes dapplication ( 22 directives et plus dune douzaine de lettre circulaires et plus dune centaines de rencontres avec la professions bancaires, les opérateurs économiques, le personnel diplomatique accrédité dans les pays de la CEMAC, ainsi que les entreprises du sécteur extractif). Ce dispositif abouti, est désormais rigoureusement mise en uvre. Dautres réformes importantes ont également été menées à terme, notamment, larrimage du système comptable de la BEAC aux normes IFRS, gage dune meilleure transparence et dune fiabilité de ses comptes ; la fusion effective des Bourses de la CEMAC (BVMAC) et du Cameroun (DSX) et la dynamisation du marché nouvelles des Titres Publics de la CEMAC, qui offrent désormais aux entreprises et aux Etats de la CEMAC, de sources alternative nouvelles de financement importantes ; la poursuite de la modernisation des systèmes et moyens de paiement, en particulier linteropérabilité monétique intégrale (mobile money, cartes de paiement internationales et carte GIMAC), qui a rendu possible un essor remarquable des paiements dématérialisés ainsi que le développement de linclusion financière dans la CEMAC. Et ce, cest sous la gouvernance du Tchadien Abbas Tolli.
Le Volontariat s’en est mêlé
De même, dans son rôle de conseiller, la BEAC, a accompagné de manière volontariste les Etats membres, dans la conception et lexécution de leurs programmes économiques avec le FMI, sur nombre de sujets relevant de leur compétence. De ce fait, cet accompagnement sest illustré singulièrement dans la contribution décisive de la BEAC, à la réussite du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), lappui décisif quelle a apporté à la conclusion et la mise en uvre des programmes de redressement économique et financier avec le FMI, à la mobilisation accrue de ressources sur le marché domestique, et au processus dassainissement et dapurement des arriérés sur la dette intérieure des Etats par le recours à des techniques de marché, notamment la titrisation de leurs engagements.
Un bilan fructueux
Cinq ans après, ces actions ont produit des résultats remarquables, dont les principaux sont entre autres, le maintien de la parité du FCFA, par rapport à Euro ; l’ajustement redouté a été évité grâce aux mesures mises en uvre à la fois par les Etats de la CEMAC et par la BEAC, avec l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, la soutenabilité de la monnaie s’étant retrouvée consolidée ; la conclusion de programmes économiques et financiers avec le FMI, et leur mise en uvre globalement satisfaisante par tous les pays de la CEMAC, avec l’accompagnement de la BEAC, à travers notamment les lettres de confort du Gouverneur de la BEAC au Directeur Général du FMI, ainsi que l’organisation de réunions tripartites regroupant les Etats, le FMI, la Banque Mondiale, la BAD, le partenaire français, et certaines institutions de la CEMAC et la BEAC. Il y a aussi la reconstitution des réserves de change, passant de 3.093,2 milliards FCFA à fin décembre 2016 à 4.661,6 milliards FCFA, à fin décembre 2021, à la faveur dune meilleure application de la nouvelle réglementation de change et de la mobilisation des appuis financiers extérieurs auprès de la communauté internationale des bailleurs de fonds. Le niveau des réserves en mois d’importations des biens et services qui s’élevait à 2,4 mois à fin 2016, est estimé à 4,2 mois à fin décembre 2021, tandis que le taux de couverture extérieure de la monnaie sest accru de 59,1 % à 68,6 % , au cours de la même période, éloignant les pays de la CEMAC, du spectre de la dévaluation. Il y a également l’amélioration des interventions de la BEAC, sur le marché monétaire de la CEMAC, grâce à la mise en uvre effective des nouveaux instruments de politique monétaire et à la modernisation de l’infrastructure des marchés ; la meilleure transmission de la politique monétaire de la BEAC, par la facilitation des anticipations des agents économiques avec l’adoption dune nouvelle stratégie de politique monétaire basée sur le pilotage du taux interbancaire de référence (TIMP) autour du principal taux directeur de la BEAC (TIAO), à l’intérieur dun corridor constitué dun taux plancher (taux de la facilité de dépôt) et dun taux plafond (taux de la facilité de prêt marginal, la fixation du TIAO en tenant compte des préférences des autorités de la Banque Centrale relatives à la stabilité monétaire, via une règle monétaire, l’utilisation dune multiplicité d’indicateurs et des modèles d’analyse et de prévisions ; iv) l’élaboration et la publication dun rapport trimestriel sur la politique monétaire de la BEAC destiné à l’information dun plus large public ; la forte augmentation du financement des Etats à travers le marché des titres publics de la CEMAC, à la faveur de toutes les mesures ayant contribué à la dynamisation de ce compartiment du marché monétaire de la CEMAC. L’encours des titres publics est passé de 916,1 milliards FCFA à fin décembre 2016 à 4.708,2 milliards FCFA au 31 janvier 2022, soit une hausse de 513,9 %. L’essor de ce marché a largement contribué à la mobilisation par les Etats des ressources requises pour faire face aux conséquences néfastes de la pandémie de Covid-19 et pour financer de nombreux projets d’investissement, l’accroissement substantiel des échanges sur le marché interbancaire de la CEMAC, en lien avec les multiples réformes opérées au cours de la période (appel d’offres hebdomadaire régional et à taux multiples ; facilité de prêt marginal ; corridor des taux ; opérations à maturité longue ; modernisation de modes de constitution des réserves obligatoires ; élargissement du collatéral admis en refinancement ; rationalisation des décotes ; acquisition des plateformes informatiques d’interconnexion de tous les acteurs, d’échanges, de collecte, de traitement automatisé, de diffusion des données en temps réel et de cotation. A mettre à l’actif du gouverneur Abbas Tolli, les nombreux bénéfices, aux plans opérationnel et économique, découlant de la suppression du tri par Etat des billets et de la détermination dune nouvelle méthodologie de calcul, de la circulation fiduciaire par pays, à savoir l’amélioration de la qualité de la circulation fiduciaire dans l’ensemble des pays de la CEMAC ; la réduction du stock des billets non triés, grâce au renforcement des capacités de tri manuel ; la réduction du temps consacré aux contrôles des coffres forts ; et une plus grande facilité d’utilisation des applications informatiques dédiées à l’activité de gestion des signes monétaires, grâce à la suppression de plusieurs comptes tenus par Etat. S’agissant du coût de gestion des billets, des économies devront être réalisées, plus précisément sur la commande des billets neufs, sur l’arrêt du rapatriement des billets déplacés valides, sur les moyens humains et mécaniques affectés au tri. L’amélioration de la qualité de l’information financière produite par la BEAC, et la consolidation de son assise financière, grâce à la mise aux normes IFRS de son système comptable ; la fusion institutionnelle et physique des marchés financiers de la CEMAC sous la conduite déterminée du Gouverneur de la BEAC, résultant de son bilan. Depuis juillet 2019, la CEMAC est dotée dun marché financier unifié constitué dun régulateur unique, basé à Libreville au Gabon, la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF) ; dune seule Bourse de valeurs mobilières installée à Douala au Cameroun, la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) ; dune seule Banque de Règlement, la BEAC ; et un Dépositaire Central Unique, rôle assuré par la BEAC, à titre transitoire. Cette fusion a dynamisé le fonctionnement du marché financier de la CEMAC, avec la facilitation et laccroissement des paiements à léchelle nationale et de la CEMAC par monnaie électronique (téléphonie mobile et cartes prépayées) et par les cartes bancaires de la CEMAC (GIMAC) et internationales, suite à la mise en uvre de linteropérabilité des systèmes de paiement monétiques dans la CEMAC. En 2021, 8.827.427 transactions ont été effectuées à travers la monétique intégrale pour un montant total de 329,1 milliards de francs CFA (dont 2.736.260 transactions par cartes bancaires à travers le réseau GIMAC pour une valeur de 175,9 milliards de francs CFA et 6.091.167 transactions via la téléphonie pour une valeur de 153,2 milliards de francs CFA.
Les efforts de trop
Parmis le travail de titans abattu par le Tchadien à la tête de la BEAC, il y a lamélioration de la bancarisation et de linclusion financière dans la CEMAC, à travers lextension du réseau de la BEAC, à la faveur de la mise en service des nouvelles agences à Oyo au Congo et à Ebibeyin en Guinée Equatoriale. La première pierre de lédifice de la nouvelle agence de la BEAC, à Ebolowa au Cameroun, a par ailleurs été posée. Il y a aussi le renforcement de la gouvernance et de lindépendance de la BEAC par la réforme de ses Statuts, ayant abouti au renforcement de la gouvernance, à lamélioration de lexercice de la collégialité et au renforcement de lautonomie de sa gestion et la consolidation de la situation financière de la BEAC, grâce aux mesures de diminution des charges et daugmentation des produits, ayant permis dextérioriser des résultats bénéficiaires, ainsi quà limpact positif sur les fonds propres de larrimage du système comptable aux normes IFRS.
La Covid-19 sen est mêlée
Face aux effets néfastes de la crise sanitaire liée à la COVID-19, sur les économies de la CEMAC, la BEAC a adopté des mesures spéciales depuis mars 2020, visant, dune part, à assouplir les conditions monétaires (baisse du TIAO de 3,50 % à 3,25 %, laugmentation de 240 milliards FCFA à 500 milliards FCFA du montant de liquidité à injecter sur le marché monétaire, etc.), et, dautre part, à soutenir durablement la liquidité du marché monétaire et à impacter plus directement les conditions de financement du secteur productif et des Etats, par le biais notamment de la réactivation des injections de liquidités à plus longue échéance sur le marché monétaire pour 150 milliards et le rachat des titres publics sur le marché secondaire pour un montant maximal de 600 milliards FCFA. En somme, la mise en uvre de ces différentes mesures sest traduite par une hausse des injections de liquidités dans les économies de la CEMAC, par la BEAC. Elle a également permis de rassurer les établissements de crédit et de contenir les risques de liquidité du système bancaire de la CEMAC. Comme en témoignent les réalisations ci-dessus, le Gouvernement de Abbass Mahamat Tooli, a engrangé des résultats probants. Il lui faudra cependant poursuivre les efforts pour faire face aux nombreux défis consécutifs à la grave crise sanitaire, engendrée par la pandémie de Covid-19 dont les effets induits sur les economies de la CEMAC, déjà fortement fragilisées par les crises sécuritaires et la chutes de cours de pétrole brut, sont très ravageurs. Cependant, lon peut constater que la BEAC, a su sadapter aux mutations diverses et quelle remplit sa mission, en dépit des divers soubresauts resultant des crises multiples. A titre dillustration, elle réalise, depuis des années, la troisième performance en Afrique, en matière de maîtrise de linflation, mission phare dune banque centrale, juste derrière la Bank Al Maghrib et la BCEAO. Concernant la politique macroéconomique, la rénovation des ses instruments ont créé les conditions propices au développement du système financier et au financement durable et prévisible des économies de la zone. Au regard de ces importantes reformes structurelles nombreuses et profondes, réalisées en moins de cinq année sur un mandat qui en compte sept, peut-on raisonnablement soutenir que notre compatriote à Yaoundé, est compétent et quil passe le plus claire de son temps à faire son travail.
