Livre : « Contre vents et marées » de Zeneba Dinguest ,un témoignage assez pathétique sur le VIH SIDA 

 Contre vents et marées » est un livre de 141 pages subdivisé en 4 parties, paru aux éditions FIGUIRA à Bamako au Mali. Cette maison d’édition est fondée et dirigée par une dame du nom Fatoumata Keita. Le livre dans comporte une dédicace, une préface, des remerciements et une postface.L’incipit c’est-à-dire le début du livre dévoile un village du nom Abka perdu dans le sahel. Halima, la fille d’Abouna et de Naima, rêve d’aller en ville pour poursuivre ses études et parler à la radio donc devenir journaliste.

Sa tante Selmira va l’amener en ville, à N’Djam. Elle quitte le village en compagnie de sa tante qui est venue la chercher. Elle découvre la ville pour la première fois, le contraste saisissant qui se déploie ; elle est accueillie dans une vaste maison. Elle a passé une année blanche pour défaut de place disponible à l’école. Halima s’occupe des travaux ménagers, vit mal dans la maison. Sa cousine fomente des histoires de vol de bijoux et autres objets pour l’en accuser. Elle fait presque l’école buissonnière si bien qu’à 17 ans, elle devrait faire la 3ème. C’est ainsi qu’elle décide de faire part de ce qu’elle vit à sa tante, celle-ci l’a renvoyée sans autre forme de procès. Jetée dans la rue, elle ne sait à quel saint se vouer. Elle traine et croise Toma, une jeune dame qui se propose de l’amener chez elle. Or, Toma, orpheline, a quitté Ndoumou, la deuxième ville du pays pour N’Djam. Elle s’était fait violer par un prétendu bon samaritain qui finit par l’aimer et vivre avec elle. Mais il décède, Toma hérite l’appartement où les hommes y viennent comme dans une auberge. C’est dans ce climat que Halima est accueillie et initié à la prostitution. Elles fréquent rue du marché Mokolo. Cette vie a duré 2 bonnes années. Toma décède dans une auberge, son client alors introuvable. Halima « hérite » à son tour la maison. Elle fait la connaissance de Brigitte qui devient sa tendre amie. Elles passent souvent par le marché mokolo, « un marché clandestin de sexe, je cite, un endroit tristement célèbre dans la capitale N’Djam où s’agglutinent des filles de joie à la nuit tombée. Il tient à une rue opaque, où se tiennent debout es filles, comme des âmes souffrantes. Parmi elles, il ya des filles avec toutes formes de caractéristiques : courtes, élancées, frêles, grasses, aux seins énormes, flasques ou légèrement couchés. Toutes obédiences religieuses confondues, il y en a qui sont voilées ; cachées derrière ce camouflage et craignant d’etre reconnues… », fin de citation( page 61).

C’est alors que la nouvelle de cette vie dévergondée de Halima parvient au village ; sa famille devient l’objet de risée de toute la population. Son père en est dévasté. Son père et sa mère décident de lui écrire une missive pour lui demander de renoncer à cette vie et de rentrer au village. C’est Jean qui est chargé de lui apporter la lettre et remettre en mains propres en ville. Il aura toutes les peines du monde à mettre la main sur Halima tant elle a changé de nom et de lieu de résidence. Halima dont l’état de santé n’est pas au beau fixe a été déclarée séropositive. Rongée par la tristesse et le remords, sa tendre amie Brigitte l’a quittée. Seul le médecin Keylan reste son soutien indéfectible à ce moment. Mais Ben, un jeune, décide de la marier en dépit de sa sérologie. Ses parents s’y opposent mais Ben persiste ; il a le soutien de son oncle Sam. C’es ainsi qu’ils décident d’aller à Abka pour sceller le lien de mariage. Arrivée sur place,Halima retrouve ses parents groggy par l’age et les circonstances de la vie. La joie des retrouvailles était à son comble. De cette union est né Salmane mais la famille sera victime de stigmatisation de l’entourage. Halima s’engage dans un mouvement associatif et crée un centre d’écoute et de réinsertion sociale des personnes infectées. Elle a une réputation qui dépasse les frontières si bien qu’elle a eu des distinctions pour ses œuvres. Entre temps, sa tante Salmira traverse de moments difficiles, ainsi finit l’histoire. Que peut-on retenir de ce roman ?« Contre vents et marées » est un roman, l’auteure Zenaba a du mal à se départir de la réalité. Tout porte à croire que l’auteure puise son inspiration au Tchad sinon à N’Djaména au regard des noms des personnages ou de la toponymie. Ce roman évoque sur fond de péripéties diverses de nombreuses thématiques dont l’éducation ou l’adoption des enfants, la prostitution, le VIH-SIDA, la misogynie dans nos sociétés, le mariage précoce, les pratiques néfastes infligées aux femmes, l’amour, etc.

C’est un témoignage assez pathétique sur le VIH SIDA ; Sida et littérature font une bonne combinaison. On remarque alors des mouvements migratoires des personnages, des allers-retours d’émotions à la recherche d’un monde où il fait bon vivre. Zenaba aborde essentiellement des faits de société. Ses personnages évoluent dans des milieux défavorables à leur épanouissement.Elle met en exergue l’attitude du personnage principal, donc de l’héroïne qui s’affirme contre le comportement social et individuel exigé par la société. Elle se soustrait aux traits idéologiques, aux codes d’action qui obligent tout individu et tout groupe social à se comporter uniformément, à travers les critères préétablis. La dimension pédagogique est présente. Si la littérature aide à raconter et à comprendre le monde, l’auteure fait croire que la vie d’un homme mais bien plus d’une femme n’est jamais tracée de façon définitivement callée : tout est en devenir. Zenaba utilise la narration, le dialogue et la description, (les trois formes textuelles) pour commettre ce roman. L’univers urbain dans ce roman confirme la perversité ambiante; cette géographie romanesque se fonde sur des détails et insiste sur l’espace.

Le lecteur peut découvrir et saisir les enjeux de la relation amoureuse, les dangers de la sexualité à outrance, les dimensions affectives, etc. Dans ce roman, les motivations qui accompagnent l’exercice de la sexualité, la question du VIH sida et ses répercussions sur fond d’ignorance, l’acceptation de la situation. Autant de problématiques.Pour revenir au titre, « Contre vents et marées », c’est une expression qui signifie malgré toutes les difficultés. Cette métaphore symbolise la persévérance d’une personne qui brave les difficultés pour parvenir à ses fins. C’est l’exemple de Halima qui a réussi contre les vagues, malgré toutes les difficultés érigées devant elle. C’est le prototype d’endurance, de persévérance, de la foi. Cette histoire, celle de Halima n’est pas loin de celle vécue par plusieurs personnes.

Disons pour finir que la thématique centrale est le VIH Sida dans un focus de stigmatisation et une optique de construction de sociabilité. Même si la maxime populaire dit qu’il vaut mieux prévenir que guérir, il faut toujours croire en un lendemain meilleur. Je ne peux que vous conseiller fortement la lecture de ce roman pour découvrir davantage l’histoire et le talent de notre jeune écrivaine. Car, par ce texte, elle a une écriture beaucoup plus fournie et accomplie.

Mbernodji Sosthène

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