Crise de leadership à la LTDH : « Le président qui n’assume pas ses responsabilités, il est destitué », martèle Dobian Assingar


A la suite d’une résolution du Conseil d’orientation et de contrôle de la Ligue tchadienne des droits de l’homme, le président dudit conseil, Max Loalngar a été suspendu, le 23 aout, de ses fonctions. Les raisons : absence totale et fuite de responsabilité entre autres. Par ailleurs, Adoum Mahamat Boukar est nommé pour assurer ses fonctions jusqu’au congrès prochain. Cette résolution a plongé la Ligue dans une crise qui s’exporte sur les réseaux sociaux. Que se passe-t-il véritablement au sein de cette organisation ? Réponse du Président d’honneur de la ligue, Dobian Assingar.


C’est une crise sans précédé qui plonge depuis quelques les leaders des droits de l’homme dans une querelle de pouvoir. En effet, le Conseil d’orientation et de contrôle (COC) de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) a destitué son président Max Loalngar, de ses fonctions. Les raisons sont entre autres une fuite de responsabilité et absence totale. Face à cette décision, Max Laolngar n’a pas tardé à dénoncer ce qu’il appelle de « chasse » du régime en place contre ses engagements en tant qu’activiste dans la plateforme Wakit Tama. Ces divergences n’ont fait que « jeter l’huile sur le feu ». Afin d’apaiser les tensions, le Président d’honneur de cette organisation se prête au jeu du micro. Il se prononce « sans filtre » sur les causes de la crise, sa vision de la crise et propose des solutions.


M. Dobian Assingar, nous assistons aujourd’hui à une scène sans précèdent au sein de la Ligue tchadienne des droits de l’homme, dont vous êtes l’un des fondateurs. Une crise de leadership qui oppose le coordonnateur de la ligue et le Président du COC. Comment cette crise a-t-elle pris une telle ampleur ?


Nous étions avec Massalbaye, mon second, à une réunion qui était organisée par le président du COC, Max Loalngar. Et il a tendu une lettre de mise à pied au coordonnateur, monsieur Baldal Oyamta, de licenciement. Il est évoqué deux raisons. La gestion des biens du COC sans informer le COC et la rupture des contrats de trois agents qui sont arrivés à terme. Il a dit qu’ils n’ont pas été informés, donc le coordonnateur a fait une faute grave, donc qu’il mérite son licenciement. J’ai objecté en disant que quelles que soient les raisons, vous ne pouvez pas agir de cette manière. Remettez-moi en tant que président du conseil de médiation tout ce courrier-là afin d’engager une médiation et mieux comprendre qu’est-ce qui est en train de passer dans la maison. On a essayé avec monsieur Massalbaye de faire un rapport de médiation en écoutant tous les membres des organes, cadres jusqu’au gardien. Nous avions dégagé des conclusions.
Quand nous avons voulu présenter les conclusions du rapport, on était dans la salle pendant deux jours. Le président n’était pas venu. Il dit qu’il ne vient pas deux fois. La troisième fois il dit que nous lui remettions le rapport, qu’il valide d’abord. Or le conseil de médiation est un organe indépendant qui émet des avis pour qu’il y ait de l’ordre et le bon fonctionnement de l’organisation. J’ai dit à Massalbaye qui est mon second de présenter le rapport aux membres du COC. Le rapport étant présenté, il a été adopté par le COC.


En tant qu’ancien président de la LTDH, comment voyez-vous ce qui se passe au sein de l’organisation ?


C’est vraiment déplorable. J’en étais particulièrement dévasté par ce qui se passe. D’abord par l’irresponsabilité des uns et des autres. Un problème d’une organisation se règle dans l’organisation. Un problème de famille se règle dans la famille, on ne l’expose pas dans la rue. S’il faut situer les choses dans les contextes qui nous ont amené dans cette situation déplorable, qui n’honore pas en fait les défenseurs des droits humains que nous sommes, il faut le comprendre à plusieurs niveaux.
Depuis le dernier congrès de la LTDH en janvier 2020, des réunions statutaires ne se tiennent pas. Nous sommes une organisation qui fonctionne avec les règles. Si celui qui gère, gère mal on le destitue. Le président qui n’assume pas ses responsabilités, il est destitué. Il y a eu défaillance. Il faut se le dire clairement. Si les gens avaient assumé leurs responsabilités à tous les niveaux, nous ne pensons pas qu’il y aura une crise.


Que proposeriez-vous pour rétablir l’ordre au sein de l’organisation ?


C’est parce que rien ne marche que les membres du COC se sont réunis. Ils ont signé la décision de destituer le président et de faire assurer l’intérim par le premier rapporteur pour des manquements qui ont été évoqués. C’est trop facile d’imputer le tort aux autres.

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