Tchad: »Des prisonniers du FACT atteints de la rougeole ne sont pas traités et gisent à même le sol  » Albissaty Allazam

Nouvelles.td vous proposes l’intégralité du Résumé du rapport de la visite aux prisonniers du FACT fais par la convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme (CTDDH). Après une visite aux prisonniers de guerre détenu à la maison d’arrêt de Klessoum.

Le résumé du rapport dans intégralité.

Les combats qui ont opposé les forces de la rébellion armée du Front pour l’Alternance et la Concorde du Tchad (FACT), courant avril 2021, et les forces loyales au pouvoir ont occasionné mort d’hommes ainsi que des prisonniers des deux côtés.

Dans l’impossibilité de constater de visu les conditions de détention des prisonniers issus des forces loyales dans le camp adverse, notre devoir de défenseurs des droits humains, nous a imposé donc de visiter uniquement les locaux où sont emprisonnés les combattants de la rébellion armée, à N’Djamena; ce qui nous a permis non seulement de constater les conditions de détention des prisonniers, mais aussi avoir des informations concernant les exécutions sommaires dont on parle sur les réseaux sociaux.

Au terme de cette visite, nous avons donc constaté le suivant :

1- Dans une aile de la prison de klessim, le nombre des prisonniers de combattants FACT est de quatre cents quatre-vingt-quinze individus. Notre visite s’étant effectuée une journée non ouvrable, les chiffres nous ont été avancés par les prisonniers.

2- Certains prisonniers sont arrêtés en territoire nigérien après leur repli.

3- Le transfert des prisonniers vers la prison de N’Djamena a été effectué en deux phases,

4- Sur place, à la prison de klessim, certains prisonniers dont Mahamat Bahar Kindji, Ali Brahim, Ali Hassaballah, Bechir Mahadi et d’autres ont été sélectionnés et emmenés à un lieu inconnu. L’un des prisonniers affirme que les prisonniers cités ci-haut devraient être en vie puisque, selon lui, « si on est à N’djamena, il n’y a pas un grand risque ». Il ne croit pas la thèse de leur exécution sommaire une fois extirpés de la prison,

5- Les prisonniers sont alimentés seulement deux fois par jours.

6- La plupart de prisonniers ont perdu beaucoup de leurs poids par manque d’alimentation normale (pour ne pas parler d’alimentation équilibrée),

7- La prise en charge médicale est quasi-inexistante. Des prisonniers atteints de la rougeole ne sont pas traités et gisent à même le sol ; extenués par la maladie,

8- Les prisonniers attestent qu’ils ne reçoivent pas la visite de leurs parents vu que la plupart des parents ne sont pas avertis de leur arrestation,

De ce que précède, nous exigeons le suivant :

1- La pléthore d’hommes en un seul lieu très exigu étant en lieu-même une prédisposition à contracter la maladie, les chambres doivent être décongestionnées en respect aux normes internationales recommandées,

2- La poursuite et l’arrestation des individus qui voudraient sauver leurs vies en territoire étranger constitue une violation et du respect des frontières et du droit d’asile des personnes en dangers,

3- Etant donné que Mahamat Bahar Kindji, Bechir Mahadi, Ali Hassaballah et Ali Brahim ont été bel et bien emmenés à N’Djamena, le gouvernement a l’obligation d’informer l’opinion nationale et internationale et leurs familles respectives de leur sort,

4- La mauvaise alimentation des prisonniers constitue une forme de torture que le gouvernement doit impérativement cesser, tout comme il a le devoir d’informer les familles des détenus afin que ces derniers bénéficient des visites familiales,

5- Le gouvernement doit s’acquitter de son devoir de prise en charge médicale correcte en faveur des prisonniers.

Par ailleurs, nous avons constaté que dans l’un des dossiers des prisonniers, il est mentionné les termes « terroriste, assassinat ». Cette assertion n’est pas de nature à créer un climat favorable pour asseoir une paix durable dans l’esprit d’une vraie et sincère réconciliation nationale; le gouvernement doit changer d’approche s’il est animé par un réel souci de réconciliation nationale et finir ainsi définitivement avec le cycle infernal de rébellion et de contre rébellion qui perdure dans notre patrie.

Par la même occasion, nous invitons le gouvernement d’aller vers ses adversaires politiques afin de créer les conditions nécessaires et acceptables pour tous afin de jeter les bases d’une réconciliation nationale.
En fin, nous remercions très sincèrement les autorités pénitentiaires qui nous ont accompagné jusqu’à l’aile où sont emprisonnés les prisonniers rebelles et nous ont quitté pour nous laisser seuls avec les prisonniers afin que ces derniers ne soient pas gênés pour répondre à toutes nos questions.

Fait à N’Djamena le 13 juin 2021

Pour la CTDDH, le secrétaire général

Albissaty Saleh Allazam

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