Le Tchad face au déluge plastique : une interdiction à l’épreuve de la réalité

Tandis que la communauté internationale s’engage à « mettre fin à la pollution plastique », le Tchad se noie littéralement sous une marée de déchets non biodégradables. Malgré les interdictions officielles, les sacs, bouteilles et autres emballages en plastique continuent d’ asphyxier les rues de N’Djamena, les caniveaux, et même les cours d’eau, révélant une déconnexion alarmante entre les intentions et la réalité du terrain.

La capitale tchadienne génère à elle seule près de 20 000 tonnes de déchets plastiques par an, un chiffre vertigineux pour une ville où la gestion des déchets est quasi-inexistante. Les interdictions d’importation et d’utilisation de plastiques non biodégradables, réitérées par la mairie de N’Djamena en mars 2025, peinent à trouver une application concrète. Les « Tangui » et « Léda » – ces petits sachets d’eau et de jus – sont omniprésents, symboles d’une consommation de masse sans réelle alternative ni système de collecte et de recyclage efficace.

La conséquence est visible et dramatique : les rues se transforment en décharges à ciel ouvert, les caniveaux sont obstrués, aggravant les inondations lors des pluies saisonnières, et le plastique se retrouve partout, menaçant la santé publique et la fertilité des sols.

Au-delà des discours, la réalité montre une population contrainte par la pauvreté à réutiliser ces emballages, qui finissent inévitablement dans la nature.Certes, des associations locales comme RECYDEP-INNOV et des initiatives citoyennes tentent d’apporter des solutions de recyclage et de sensibilisation. Mais ces efforts, aussi louables soient-ils, sont une goutte d’eau face à l’ampleur du problème. L’absence de filières industrielles de recyclage solides et le manque d’incitations économiques pour les acteurs de la collecte informelle freinent toute avancée significative.

Pour que le Tchad ne soit pas laissé pour compte dans la course mondiale à la dépollution plastique, il est impératif de dépasser le simple cadre législatif. Il faut investir massivement dans des infrastructures de gestion des déchets, soutenir activement les initiatives de recyclage, proposer des alternatives durables et abordables, et mener une sensibilisation de masse qui ne soit pas juste informative, mais transformative, pour changer durablement les comportements.

Sans un engagement politique et financier à la hauteur du défi, l’objectif de « mettre fin à la pollution plastique » restera un vœu pieux pour le Tchad, dont les habitants continueront de vivre et respirer au milieu de ce fléau.

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