En marge de la 36e session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine, une table ronde présidentielle a appelé à l’accélération du financement de l’électrification en Afrique, accompagnée d’objectifs et de jalons précis pour concrétiser l’accès universel à l’énergie à l’horizon 2030.
L’évènement, organisé par la Commission de l’Union africaine (CUA) et la Banque mondiale en liaison avec l’Union des Comores, a réuni les présidents des Comores et de la République de Madagascar, des ministres de la République de Namibie, de la République du Congo et de la République du Malawi, ainsi que des représentants de haut niveau de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale, d’institutions internationales et régionales et de partenaires du développement.
Au nom du président de la CUA, M. Moussa Faki Mahamat, Mme Monique Nsanzabaganwa a chaleureusement accueilli et salué la présence des dignitaires qui, selon la vice-présidente, témoigne clairement de l’importance qu’ils accordent à l’accessibilité et à la sécurité énergétique en Afrique.
Dans son discours introductif, Mme Amani Abou-Zeid, commissaire aux infrastructures et à l’énergie de l’Union africaine, a souligné que l’énergie est le fondement du succès de chaque secteur du développement et qu’il est par conséquent nécessaire d’intensifier les efforts pour
garantir un accès abordable et fiable. Elle a ainsi déclaré que « les priorités et initiatives clés de l’Afrique, notamment l’industrialisation, la ZLECAf, le développement agricole, la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté, la création d’emplois et l’intégration régionale, de même que la réalisation des ODD, dépendent toutes d’un accès universel à des services énergétiques modernes. »
Dans son allocution d’ouverture, le président de l’Union des Comores et président de l’Union africaine pour 2023, M. Azali Assoumani, a mis en lumière le paradoxe que constitue la pauvreté énergétique sur un continent riche en ressources énergétiques encore inexploitées. Il a également évoqué la situation énergétique de la plupart des nations insulaires africaines, relevant que les approches continentales peuvent venir compléter des initiatives nationales pour favoriser l’accès à l’énergie. Prenant l’exemple du Dispositif d’atténuation des risques dans la géothermie (GRMF) qui a permis aux Comores de bénéficier d’une subvention de 9 millions de dollars, le président Assoumani a fait valoir que les initiatives continentales peuvent renforcer l’action des États membres. « L’accélération de la mise en œuvre des projets phares de l’Agenda 2063, tels que le projet hydroélectrique du barrage de Grand Inga et les projets énergétiques du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA), est capitale pour améliorer l’accès à l’énergie, l’intégration régionale, la transformation économique et la résilience climatique », a-t-il souligné.
Le marché unique africain de l’électricité (AfSEM) étant un levier stratégique clé pour renforcer l’accès et la sécurité énergétique en Afrique, les États membres de l’UA, les communautés économiques régionales et leurs institutions spécialisées ont été invités à jouer pleinement leur rôle pour faciliter sa mise en œuvre.
Le président de la République de Madagascar, M. Andry Rajoelina, qui présidait la table ronde présidentielle, a rappelé la nécessité d’investir dans des sources d’énergie propre pour accélérer l’accès universel en Afrique, soulignant que l’énergie est la priorité de chaque dirigeant africain.
« L’accès à l’énergie ne peut être un sujet négociable pour aucun dirigeant, et nous devons maintenant passer des paroles aux actes », a déclaré le président Rajoelina, ajoutant que Madagascar aspire à parvenir à une électrification totale dans les plus brefs délais, principalement en exploitant les énergies renouvelables.
L’Afrique a besoin de 25 milliards de dollars d’investissements par an pour atteindre ses objectifs énergétiques. Au cours de la table ronde, les participants ont insisté sur le rôle des partenariats dans le domaine du financement, du transfert de connaissances et de technologies pour accélérer les initiatives en cours et à venir, et ce afin de surmonter les obstacles qui entravent la volonté de développement énergétique des pays africains.
S’exprimant au nom de la Banque mondiale, Mme Victoria Kwakwa et M. Ousmane Diagana, respectivement vice-présidente pour l’Afrique de l’Est et australe et vice-président pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, ont souligné l’engagement de la Banque mondiale à établir des partenariats dans ce domaine. « La Banque mondiale reste déterminée à aider les pays à renforcer leurs cadres institutionnels et réglementaires et à développer des services publics solides, deux éléments essentiels à un secteur de l’électricité solide », ont déclaré Mme Kwakwa et M. Diagana.
Dans ses observations finales, la commissaire Abou-Zeid a assuré que la CUA demeurait déterminée et prête à mettre en œuvre les recommandations formulées lors des discussions. Elle a ainsi réaffirmé que « les différents programmes que la Commission coordonne déjà seront accélérés et alignés sur la priorité que constitue l’accès universel à l’énergie d’ici 2030. »