Téléphonies mobile : Airtel et Moov africa « Sararik »

Dans un pays où le téléphone mobile est plus qu’un simple outil de communication, mais un lien vital pour le commerce, la famille et les affaires, la dégradation constante des services est en train de virer au scandale national. Les millions d’abonnés d’Airtel et de Moov Africa, les deux géants de la téléphonie mobile au Tchad, sont au bout du rouleau. Les promesses de qualité, de continuité et de service client ne sont plus qu’un lointain souvenir, remplacées par une cacophonie de coupures, de perturbations et d’une indifférence qui frise le mépris.

Le cahier des charges qui lie ces opérateurs à l’État tchadien semble n’être plus qu’un bout de papier insignifiant. Un coup de fil en bonne et due forme est devenu une loterie. Les appels sont hachés, les conversations coupées, et l’écho des voix se perd dans les méandres d’un réseau défaillant. Les clients, qui paient pour un service qu’ils ne reçoivent pas, sont doublement victimes : leur crédit est consommé pour des appels qui n’aboutissent pas, et ces pertes ne sont jamais remboursées.

Le silence assourdissant des opérateurs

La frustration des consommateurs est palpable. « C’est quasiment impossible de passer un appel important sans que ça ne coupe », s’indigne un commerçant du marché central de N’Djamena. « On perd de l’argent et on ne peut rien dire. Ils nous prennent pour des imbéciles. » Les deux compagnies, Airtel et Moov Africa, semblent avoir scellé un pacte de silence face aux doléances de leur clientèle. Aucune explication, aucune excuse, et surtout, aucun remboursement pour les crédits et les gigas perdus.L’Internet mobile, devenu indispensable à l’économie numérique, n’est pas épargné par ce fiasco. Récemment, des coupures d’Internet de près de 24 heures ont paralysé l’activité de nombreuses entreprises et particuliers, sans la moindre explication officielle. Pire encore, les forfaits de données mobiles qui arrivent à terme sont purement et simplement coupés, sans possibilité de récupérer les gigas restants, un manque à gagner colossal pour les consommateurs.

Le gouvernement, complice ou impuissant ?

Face à ce désastre, l’absence de réaction des autorités soulève de sérieuses questions. Le ministre des Postes et de l’Économie numérique, Boukar Michel, est resté étrangement muet, un silence qui alimente les rumeurs de complicité. « Pourquoi aucune sanction ? Pourquoi ces entreprises sont-elles intouchables ? », s’interroge un étudiant en informatique. Le rôle de l’ARCEP, l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes, est également remis en question. Créée pour garantir la qualité des services et protéger les consommateurs, l’ARCEP semble plus préoccupée par les redevances qu’elle perçoit que par la mission de régulation pour laquelle elle a été mise en place.

Cette situation, si elle perdure, aura des conséquences désastreuses sur l’économie tchadienne et sur la confiance des citoyens envers les institutions. Les opérateurs de téléphonie mobile ne doivent pas se cacher derrière leur statut de grandes entreprises. Ils ont des obligations envers leurs clients et envers le pays qui les accueille. Quant aux autorités, leur inaction est un message fort : le consommateur tchadien est abandonné à son sort. Il est temps que le gouvernement et l’ARCEP sortent de leur torpeur et prennent des mesures concrètes pour mettre fin à cette déroute. Le droit à une communication de qualité n’est pas un luxe, mais une nécessité.

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