Après le drame survenu dans le département de Man-bagué, qui a coûté la vie à un homme et blessé grièvement une femme, le ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement Durable a publié un communiqué de presse pour exprimer ses condoléances. Un geste de compassion en apparence, mais qui, en réalité, soulève de nombreuses questions sur la capacité et la volonté du gouvernement de protéger ses populations face à l’incursion de la faune sauvage.
Le communiqué, signé par le Secrétaire Général, se veut rassurant. Il annonce des « mesures immédiates », notamment le « soutien aux familles » et le « renforcement de la sécurité par les équipes de conservation et de surveillance des parcs ». Le document reconnaît même que le drame met en lumière « l’urgence d’agir avec célérité et détermination ».
Ce constat, d’une justesse ironique, est précisément ce qui révolte la population. Si la sécurité des personnes est une « priorité absolue », comme l’affirme le ministère, pourquoi de telles mesures n’ont-elles pas été prises avant que l’irréparable ne se produise ? Les patrouilles conjointes avec les communautés locales, annoncées comme une nouveauté, n’auraient-elles pas dû être une pratique courante depuis longtemps dans des zones où le conflit entre l’homme et la faune est une réalité constante ?Les experts et les défenseurs des droits de l’homme rappellent depuis des années l’urgence de mettre en place une véritable politique de coexistence pacifique.
Les attaques d’éléphants, loin d’être des incidents isolés, sont la conséquence directe d’une pression foncière croissante et d’une gestion parfois lacunaire des aires protégées. Le simple fait d’annoncer des patrouilles après la mort d’un citoyen donne l’impression que le gouvernement est dans la réaction, et non dans l’action préventive.
Le communiqué, en somme, se contente de déplorer l’événement sans admettre l’inaction qui l’a précédé. Le « dévouement indéfectible » et la « profonde compassion » exprimés dans le texte sonnent malheureusement creux, car ils ne sauraient se substituer à une protection concrète. Les familles endeuillées de Man-bagué n’ont pas seulement besoin de condoléances ; elles ont besoin de la garantie que leur vie et leurs biens ne sont plus à la merci d’une faune protégée par l’État, mais dont les dangers ne sont pas gérés par ce même État.
Les larmes versées sont-elles sincères, ou ne sont-elles qu’un paravent commode pour masquer une responsabilité qui tarde à être assumée ? Seules des actions concrètes et durables, qui vont bien au-delà de ce communiqué, pourront répondre à cette question. En attendant, les habitants de Man-bagué attendent des actes, pas de simples mots.