En cette année 2025, alors que le débat autour du code pastoral refait surface, il est essentiel de se souvenir du précédent de 2014. À l’époque, le président Idriss Déby Itno, qui deviendra plus tard maréchal du Tchad, avait pris une décision audacieuse pour désamorcer une crise sociale en gestation. Le 1er décembre 2014, trois semaines seulement après son adoption par l’Assemblée nationale, il avait annoncé le retrait du texte controversé, marquant un tournant inattendu dans la gestion des conflits communautaires.
Adopté le 11 novembre de la même année, le code pastoral était censé encadrer la transhumance et la cohabitation entre éleveurs et agriculteurs. Cependant, il avait soulevé un tollé général. Des dispositions, jugées trop favorables aux pasteurs, avaient provoqué une vive opposition de la part de la société civile et d’une partie de la classe politique. Le débat avait dégénéré en une véritable fracture entre les communautés, et même au sein du Parlement, où des députés de l’opposition et d’alliés au parti au pouvoir avaient quitté la séance en signe de protestation.
Face à la montée des tensions, Idriss Déby avait choisi de jouer la carte de l’apaisement. Lors d’un discours commémorant son accession au pouvoir, il avait publiquement désavoué son propre gouvernement et la majorité parlementaire. « Après avoir pris connaissance du texte, j’ai tout simplement demandé de le retirer », avait-il déclaré, qualifiant la situation de « mascarade ». Son message était clair : la paix sociale primait sur les textes législatifs. Il avait demandé au gouvernement de trouver des « formes plus conciliantes, susceptibles de favoriser la cohabitation pacifique entre éleveurs et agriculteurs.
« Cette décision historique, qui avait surpris de nombreux observateurs, avait été perçue comme un geste de pragmatisme politique. En retirant le texte, le défunt maréchal avait réussi à désamorcer une crise qui menaçait la stabilité du pays. Onze ans plus tard, alors que la question pastorale reste au cœur des préoccupations, ce précédent rappelle l’importance de la concertation et de la recherche de solutions consensuelles pour la gestion des défis communautaires au Tchad.