Au Tchad, la figure politique d’Albert Pahimi Padacké interroge. Ancien Premier ministre à plusieurs reprises sous le règne d’Idriss Déby, puis sous celui de son fils, Mahamat Idriss Déby, il se positionne aujourd’hui comme un opposant modéré. Cette posture, à la fois dans le cercle du pouvoir et en dehors, soulève des questions sur la nature de son combat politique.
Historiquement, Pahimi Padacké a longtemps été un pilier du régime, occupant des postes ministériels majeurs et participant activement à la gouvernance. Sa nomination comme Premier ministre de transition en 2021 par le Conseil militaire de transition (CMT), présidé par Mahamat Idriss Déby, témoigne de cette proximité. Cependant, il a également été candidat à des élections présidentielles, se présentant comme une alternative.C’est cette « double casquette » qui alimente les débats. D’un côté, ses détracteurs le perçoivent comme un opposant de façade, dont la modération serait une forme de complaisance à l’égard du pouvoir en place. Sa critique du régime, bien que présente, est souvent jugée peu virulente, manquant de l’ardeur que l’on attend d’un leader de l’opposition.
Ses déclarations sont parfois interprétées comme des ajustements tactiques, plutôt que comme une opposition de principe.D’un autre côté, ses partisans défendent une approche pragmatique. Pour eux, son expérience au sein du gouvernement lui confère une crédibilité et une connaissance approfondie des rouages de l’État. Sa modération serait le reflet d’une volonté d’éviter l’escalade et de privilégier le dialogue pour trouver des solutions pacifiques aux problèmes du pays.
Ainsi, la trajectoire d’Albert Pahimi Padacké révèle la complexité du paysage politique tchadien, où les lignes entre pouvoir et opposition peuvent être floues. Est-il un « opposant modéré » ou un « opposant complaisant » ? Le débat reste ouvert, et seule l’histoire dira si son héritage sera celui d’un réformateur patient ou d’un acteur du statu quo.