Amina Priscille Longoh, figure emblématique de la politique tchadienne et Ministre d’État, Ministre de la Femme, de la Protection de la Petite Enfance et de la Solidarité Nationale, s’apprête à relever un nouveau défi. Elle quittera prochainement ses fonctions gouvernementales pour assumer un poste de haute importance : celui de représentante du Président de la République du Tchad auprès de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Son départ marque la fin d’un mandat de cinq ans (2020-2025) jugé particulièrement dynamique et productif.
Au cours de ces années, Mme Longoh a été à la tête d’un ministère stratégique, impulsant une série de réformes et de projets visant à transformer en profondeur la condition des femmes, des enfants et des populations vulnérables au Tchad.
Une ère de réformes législatives et d’autonomisation des femmes
Le bilan de la ministre est particulièrement marqué par des avancées législatives et une promotion accrue des droits des femmes. Quinze (15) textes juridiques majeurs ont été adoptés ou soutenus. Parmi eux, le Décret N°2121/PR/MSPSN/2020 a consolidé les droits reproductifs et interdit explicitement des pratiques telles que les Mutilations Génitales Féminines (MGF), les mariages précoces, les violences domestiques et les abus sexuels.
Un pas significatif a également été franchi vers l’égalité des genres avec le Décret
N°0433/PR/MFFPE/2021, instaurant un quota progressif d’au moins 30% de femmes dans les postes nominatifs et électifs. Cette mesure a déjà porté ses fruits, la représentation des femmes dans les instances de décision étant passée de 10% en 2020 à 34% en 2024, et même 46% dans certains domaines de l’administration publique.
L’autonomisation économique des femmes a été une priorité, avec plus de 200 000 femmes bénéficiaires de dotations et formations, et le soutien à plus de 5 000 groupements féminins à travers 23 provinces. La lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) a été renforcée par l’adoption de la 2ème génération de la Stratégie Nationale et la mise en place de 23 comités provinciaux, complétée par une Ligne Verte (1390) pour le signalement des cas.
La protection de l’enfance, un engagement sans faille
Le volet de la protection de la petite enfance a connu des avancées tout aussi notables. La Loi N°011/PCMT/2022 a créé le Centre National d’Accueil, de Rééducation et de Réinsertion des Enfants vulnérables (CNAREV), tandis que l’Initiative Présidentielle pour l’Éradication de la Mendicité Infantile (IPEMI) a été lancée en 2023. En 2024, la Politique Nationale de Protection de l’Enfant a été adoptée.
Plus de 5 000 enfants vulnérables ont bénéficié d’une prise en charge et de l’accompagnement. Des documents stratégiques, comme la Stratégie de développement du préscolaire et le Programme de Resocialisation des enfants vulnérables, ont été élaborés, jetant les bases d’une approche holistique.
Investissements et perspectives d’avenir
Le mandat de la Ministre Longoh a été jalonné d’investissements tangibles. Sept Maisons de la Femme sont en construction dans diverses provinces, et la mise en place de centres intégrés multisectoriels pour les survivantes de VBG est en cours à N’Djamena et dans plusieurs régions. Ces infrastructures visent à offrir des espaces sécurisés et des services essentiels aux femmes et aux enfants.
Malgré ces succès, des défis subsistent, notamment « l’insuffisance des ressources financières » et « le retard dans le décaissement des subventions » des organismes sous tutelle, comme le souligne le bilan du ministère. Ces obstacles n’ont cependant pas entamé l’engagement, qui a permis de poser des jalons importants pour les prochaines étapes du développement.
En assumant son nouveau rôle à l’OIF, Amina Priscille Longoh portera désormais la voix du Tchad sur la scène francophone, forte de l’expérience et des réussites acquises au service des populations les plus vulnérables de son pays. Son départ du ministère laisse derrière elle une empreinte significative, synonyme de progrès pour les droits des femmes et des enfants au Tchad.