Le week-end à N’Djamena, capitale tchadienne, a un parfum particulier. Pour nombre de ses habitants, l’appel de l’autre rive se fait irrésistible : une curieuse migration s’opère vers Kousséri, la ville camerounaise voisine, séparée seulement par le fleuve Logone. Si certains traversent pour des achats alimentaires, notamment des fruits, un secret de polichinelle circule : d’autres viennent pour des « rendez-vous galants », voire pour commettre l’adultère .
Kousséri est devenue, pour beaucoup, « la ville d’adultère des N’Djamenois et N’Djamenoises ».
Pourquoi Kousséri? Le choix est stratégique. La ville camerounaise offre une discrétion recherchée, loin des regards de N’Djamena, grâce à l’accès facile via le Pont de Ngueli. Les filles et femmes y trouvent des cosmétiques moins chers, tandis que les hommes y invitent leurs conquêtes, parfois en proposant de leur faire des achats, comme des perruques [User input]. L’attrait économique est indéniable : les hôtels à Kousséri coûtent entre 2 500 et 5 000 FCFA, un contraste frappant avec N’Djamena où il faut débourser plus de 7 000 FCFA pour une chambre climatisée, souvent avec des conditions d’hygiène douteuses.
Pour les N’Djamenois ayant étudié ou séjourné au Cameroun, Kousséri offre une ambiance familière. La perception que les Camerounaises y sont « faciles d’accès » et « moins chères pour une partie de jambes en l’air » contribue également à son attrait.
Les scénarios de ces escapades sont variés et souvent orchestrés. Des hommes mariés, pères de famille, donnent rendez-vous à de jeunes filles de l’autre côté du fleuve Logone pour s’amuser. Ces rencontres sont parfois initiées sur les réseaux sociaux comme Facebook, où les rendez-vous sont pris . Il arrive même que des hommes s’arrangent pour emmener les amies de leurs femmes à Kousséri pour des séjours à l’hôtel.
Le phénomène touche aussi le commerce : des filles vendant des vêtements en ligne donnent rendez-vous à Kousséri à des hommes possédant une voiture. Ces derniers paient alors la facture d’une dizaine de pantalons ou de t-shirts, et la transaction se termine souvent dans un hôtel ou une auberge de Kousséri. Certaines de ces jeunes femmes, repérant un client aisé, le séduisent et lui donnent rendez-vous à Kousséri, en contrepartie d’achats de marchandises qu’elles ramènent ensuite à N’Djamena pour la revente.
Cette pratique, bien que banalisée par certains, soulève de sérieuses questions sur la responsabilité individuelle et les valeurs familiales. Derrière le voile de la facilité et de l’anonymat, se cache une réalité qui, au-delà du rire, dénonce une dérive sociale préoccupante.