Le point de presse qui nous réunit ce matin, est l’expression d’une colère couvée depuis des années due à la spoliation de nos droits d’artiste.
Nous sommes en colère contre le non financement de nos activités par notre Ministère de tutelle, depuis plus de 10 ans.
Nous sommes en colère contre le Bureau Tchadien du Droit d’Auteur (BUTDRA) dont l’Administration gère très mal nos redevances et octroie des droits d’auteur médiocres aux artistes sociétaires.
Nous sommes en colère, car les multinationales installées au Tchad accordent plus d’importance aux financements des artistes étrangers qu’aux artistes tchadiens.
Nous sommes en colère, parce que notre condition de vie ne change pas et devient de jour en jour misérable.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Nous avons un ministère en charge des arts et de la culture qui ne finance aucun projet d’artistes faute de budget conséquent. Nous avons l’impression que cette institution est créée pour payer des salaires aux fonctionnaires au lieu d’œuvrer pour le développement de la culture et de l’art.
L’Office National de Promotion du Tourisme, de l’Artisanat et des Arts (ONPTA) s’occupe plus du tourisme et semble n’exister que pour organiser deux événements le FICSA et DARY au mépris des artistes locaux.
Les œuvres des artistes sont consommées chaque jour, pourtant les artistes vivent très mal et souvent certains meurent laissant leurs familles dans un désespoir insultant. Aux yeux du monde, l’artiste tchadien passe pour un mendiant, un éternel assisté, incapable de produire, de nourrir ou de soigner sa famille.
Le Bureau Tchadien du Droit d’auteur a été créé par la loi N°005/PR/2003, portant protection du droit d’auteur, des droits voisins et des expressions du folklore.
Dans son article 6, les missions suivantes sont assignées au BUTDRA :
- Représenter les auteurs ou compositeurs d’œuvres artistiques et littéraires à l’occasion de l’établissement des différents contrats ;
- Administrer pour le compte des auteurs ou compositeurs d’œuvres littéraires, artistiques et scientifiques, tous les droits conférés par la législation en vigueur au sujet de l’exécution, et la représentation publique ;
- La traduction, l’adaptation et la reproduction par quelque moyen que ce soit leurs œuvres ;
- Percevoir et répartir au profit des auteurs, compositeurs ou leurs ayants droit, les redevances provenant de l’exercice desdits droits.
Malheureusement depuis 19 ans d’existence, les redevances et tous les avantages de ce beau document que le BUTDRA réunit chaque année sont mal gérés par l’administration.
Mesdames et messieurs les journalistes,
Nos revendications partent de ces constats :
Si le Ministère de Tutelle n’a rien à offrir à part des discours sans valeur, nous n’en voulons plus désormais ;
Si l’ONPTA n’a rien à offrir aux artistes tchadiens à part organiser le festival DARY et se sucrer des recettes d’entrées en lésant ces derniers, nous demandons une autre entité pour la promotion des arts et de la culture.
Si le BUTDRA est mal géré, inefficace et truffé d’irrégularités dans le mécanisme de collecte des redevances, depuis 12 ans, nous voulons un autre mécanisme prenant en compte ces amers constats.
Mesdames et messieurs les journalistes,
Au nom de tous les artistes tchadiens, nous, artistes présents et préoccupés par cette situation, formulons les doléances suivantes que nous adressons au Président du Conseil Militaire de Transition :
Nous exigeons un budget conséquent pour la promotion de l’artiste tchadien et l’accélération de la mise en place d’une politique culturelle qui mette en priorité la prise en charge des artistes locaux par les multinationales (firmes nationales et internationales) exerçant sur le territoire tchadien ;
Nous réclamons le détachement du Bureau Tchadien du Droit d’Auteur (BUTDRA) de la Maison des Patrimoines Culturels du Tchad (MPCT) et la révision des textes le régissant.
Nous plaidons à l’urgence pour que le Gouvernement intervienne, afin d’accélérer le processus d’adoption du statut de l’artiste tchadien en cours. Une fois que le statut de l’artiste est validé, la plupart des problèmes des artistes tchadiens trouveront de solutions.
Nous exigeons l’accélération du processus de mise en place du fonds d’appui à la création artistique, en instance au Ministère de la Culture et de la Promotion de la Diversité.
Nous réclamons la mise sur pieds d’un mécanisme permettant d’accéder aux ressources disponibles par le biais de la représentation nationale de l’UNESCO qui valide ou envoie les projets au siège.
Nous exigeons l’implication des artistes dans les instances de décisions et dans le dialogue national inclusif à venir.
Mesdames et messieurs les journalistes,
Ce point de presse est pour nous l’expression d’un ras-le-bol liés à la mauvaise gestion des intérêts des artistes tchadiens. Nous marquons ainsi notre volonté commune d’agir contre tout comportement visant à faire mourir le travailleur des arts et de la culture au Tchad. Cette sortie médiatique est la première d’une série d’actions en vue, que nous mènerons contre vents et marées pour entrer dans nos droits.
Dans les jours à venir, d’autres actions seront menées et nous utiliserons les canaux indiqués pour nous faire entendre.