Le paysage des communications électroniques au Tchad est à un tournant. Le « Rapport d’Étude et des Consultations sur les Communications Électroniques au Tchad », réalisé par la Médiature de la République, a été formellement remis au Gouvernement ce 29 octobre 2025, au cours d’une cérémonie tenue au Ministère des Affaires Étrangères. Le Premier Ministre était représenté par le Ministre d’État, Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Limane Mahamat.
L’étude, qui s’inscrit dans la dynamique des grandes orientations de l’État, notamment le plan « Tchad Connexion 2030 », dresse un diagnostic sévère du secteur.Dans son allocution, le Médiateur de la République, Saleh Kebzabo, a insisté sur la nature du document, le qualifiant de « plus qu’un diagnostic ; c’est une alerte républicaine, un appel à l’ajustement structurel ». Il a souligné que le rapport met en lumière des réalités que « personne ne peut ignorer », citant les coûts élevés, la mauvaise qualité de service, les zones mal couvertes et l’urgence d’une régulation plus protectrice.
Plus frappant, le rapport dénonce les manquements des opérateurs – un duopole – comme une « censure délibérée (cybercensure) », un obstacle à la liberté du citoyen et à la cohésion nationale. M. L’Amb Saleh Kebzabo a conclu en affirmant que, dans la République à construire, « Internet ne doit pas être un luxe, mais un droit social fondamental».Répondant à cet appel, le Ministre d’État Limane Mahamat a assuré, au nom du Gouvernement, que les recommandations seraient examinées « avec sérieux et responsabilité ». Il a réaffirmé l’engagement ferme du Président de la République, Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, de transformer les propositions pertinentes en mesures concrètes. « L’État doit agir, et il agira », a-t-il déclaré, soulignant que le développement numérique n’est pas qu’une question technique, mais un « choix de société » et un « acte de justice ».
Pour concrétiser cette ambition, le rapport propose un plan d’action ambitieux sur trois ans. Il appelle le Gouvernement à adopter une politique nationale de déploiement du Haut et Très Haut Débit et à garantir la souveraineté publique sur les infrastructures fixes jugées stratégiques, en intégrant le déploiement de fibres optiques dans tous les travaux publics.
Du côté de la régulation, l’ARCEP se voit confier des missions cruciales : ouvrir le marché mobile à plus de concurrence, effectuer des audits réguliers de qualité de service (tous les six mois), et encourager le partage d’infrastructures pour couvrir les zones blanches. Enfin, une mesure forte est exigée des opérateurs : l’établissement d’une formule d’indemnisation pour les consommateurs victimes de manquements. Cette remise marque désormais le point de départ d’une réforme qui place la connectivité au cœur du projet de développement tchadien.
