Une maladie d’origine inconnue a tué plus de 2 000 dromadaires, dans un campement d’éleveurs, à une dizaine de Mandélia, chef-lieu du département du Chari, dans le Chari Baguirmi, province voisine au sud-est de N’Djamena.
Des éleveurs témoignent avoir constaté la mort successive de leurs bêtes depuis plus de deux mois. Pour le moment, l’on attend encore des résultats de prélèvements effectués par des techniciens du ministère de l’Elevage et des Productions Animales. Le préfet du Chari, Oumar Mbarkoutou Saboune, confie avoir saisi ses responsables hiérarchiques par écrit pour les informer de la situation.
Enfants rougeoleux sans soins
Dans ce campement situé à une dizaine de kilomètres de Mandélia, les propriétaires de ces dromadaires sont désemparés. Certains ont même perdu l’ensemble de leurs troupeaux. Sans aucune autre ressource, la plupart de ces chameliers n’arrivent même plus à soigner leurs enfants malades, exposés en plus à la faim.
“Les enfants sont attaqués par la rougeole depuis quelques semaines, mais nous n’avons pas d’argent pour leurs soins“, souffle un père de famille dans le campement. “parmi nous, il y en a qui ont perdu jusqu’à 100 têtes de dromadaires et, d’autres, bien plus. Quand une épidémie arrive, elle n’épargne personne. Nous avons beaucoup perdu. Nous demandons au Conseil militaire de transition (CMT) et son gouvernement de nous venir en aide“, appelle Djibrine Hassabalrassoul.
Après l’extermination de leur bétail, les éleveurs sont obligés d’arrêter la transhumance, pour rester sur place. Dame Amné Hamit, la cinquantaine bien sonnée, assise sur une vieille natte en paille, devant sa bivouac, a de la peine à regarder ses petits-fils criant et se tordant de douleurs de la rougeole. “Ce qui nous arrive est indescriptible. Nous sommes sans abris, sans graine de céréale pour nous alimenter. Les enfants sont malades, et nous n’avons pas les moyens de les amener à un centre de santé. Nous implorons Dieu qu’il nous vienne en aide, puisque nous sommes en pleine saison des pluies. En plus, il y a assez de moustiques ici“, explique Mme Amné Hamit.
En attendant le retour de l’ascenseur
La dame rappelle que, par le passé, quand leurs bêtes étaient encore vivantes, ils ont contribué au développement socioéconomique de ce pays. Maintenant qu’ils n’ont rien, souligne-t-elle, les éleveurs se tournent vers leur pays et, surtout, le nouveau président du Tchad. “Mon fils, regarde dans mon bivouac là, il n’y a rien, même pas un litre de beurre ou un coro de céréale. Si tu me vois malheureuse, c’est parce que je n’ai rien. Sinon, par le passé, à ton arrivée, j’allais t’accueillir au moins avec une calebasse de lait et te raccompagner avec un litre de beurre“, regrette-t-elle.
“Nous craignons que nos jeunes enfants se transforment en bandits, parce qu’il n’y a rien ici. Donc ils n’arrivent pas à bien manger ou avoir un peu de moyen pour leurs besoins. Donc, nous demandons vraiment à l’Etat de penser à nous“, sollicite un sexagénaire. Selon lui, c’est difficile de reconstituer les troupeaux perdus.
Source: Quotidien Le Progrès