Maître Don Mathias, avocat au barreau du Tchad a adressé une lettre ouverte au Président du comité militaires de transition. Voici l’intégralité de sa lettre.
Lettre ouverte de Maître Don Mathias, Avocat au Barreau du Tchad
A
Son Excellence Monsieur le Président du Conseil
Militaire de la Transition (CMT).
Son Excellence Monsieur le Président, permettez-nous de vous
adresser à cœur ouvert nos préoccupations en notre qualité du fils de ce
beau Pays qui a besoin à sa tête des Hommes dignes, intègres,
compétents et soucieux de l’intérêt général pour nous mener à bon train.
Vous avez une lourde tâche qui consiste à mener ce Pays à une
destination attendue par le peuple tchadien. Pour y arriver, le peuple
tchadien attend de vous :
L’organisation d’un dialogue sincère et inclusif sans aucune
discrimination quelconque ;
La mise en place d’un Gouvernement de Transition au cours de ce
dialogue chargé d’organiser des élections démocratiques et
transparentes dans le délai de dix (18) mois afin que le Peuple
tchadien ne puisse décider de sa destinée ;
Arriver à exécuter ces deux (02) points fera de vous un Héros au même
titre que le défunt Ancien Président du Ghana, Son Excellence Jerry
Rawlings et le Peuple tchadien vous inscrirait dans son Livre d’Or.
Suivre les mauvais conseils à vous prodigués par des loups qui portent
la toge des Anges pour arriver à leurs objectifs égoïstes serait le
souvenir d’une page noire pour notre cher Pays.
Son Excellence, que les normes démocratiques au sens étymologique
des termes s’affirment cette fois-ci dans notre Pays, car, disait l’un des
Anciens Présidents de la République Centrafricaine, le défunt André
Kolingba dans ses Citations que : « la démocratie n’est pas l’œuvre
des esprits préfabriqués ; elle est l’œuvre d’hommes conscients et
responsables…
1La démocratie ne se réalise pas avec les tacticiens de la peur et de
la coercition. Elle est l’œuvre d’hommes de bonne volonté et de
paix et non le fait de bandits plus enclins à détruire qu’à construire.
Les conditions posées à la démocratisation de notre pays excluent
la cacophonie, les penchants libertaires et les pesanteurs
particularistes. Elles obéissent aux exigences d’ordre, d’efficacité
et de discipline.
Si on ne cherche pas les possibilités du dialogue et la concertation
autour d’une unité d’objectifs, il est vain de se proclamer
démocrate. Une démocratie réelle procède d’abord de l’écoute des
questions qui montent au cœur d’un peuple ».
Son Excellence Monsieur le Président, aujourd’hui, nous vivons avec
la plus grande peur sans précédente dans ce beau Pays parce
qu’exposés à tous les risques à nos domiciles, lieux de travail et aux
cours de nos chemins lors de nos navettes. Certaines de nos forces de
l’ordre sont devenues, à mon humble avis, des forces d’insécurités parce
qu’elles se livrent à des actes barbares contre les paisibles citoyens lors
des contrôles et autres missions à elles confiées. A cet effet, notre cher
défunt Thomas Sankara, Ancien Président du Burkina Faso n’a-t-il pas
raison de dire qu’ « un militaire sans formation intellectuelle est un
criminel en puissance »?
Nous sommes en insécurité lorsque les Magistrats sont assassinés sur
leurs lieux de travail et les portes des Palais de Justice sont fermées sur
toute l’étendue du Territoire National pendant plus de deux (02)
semaines et ce, juste parce que ces Autorités Judiciaires et les
Auxiliaires de Justice (victimes d’insécurité) demandent seulement
« SECURITE ». Pourtant, nos trophées en la matière à l’international
sont sans égal.
Vous en souhaitant bonne réception et comptant sur votre bonne
compréhension quant à la suite à réserver au souci du Peuple tchadien,
nous vous prions de croire, son Excellence Monsieur le Président, en
l’expression de nos hautes et sincères considérations.
Maître Don Mathias, Avocat au Barreau du Tchad