COORDINATION DES PARTIS POLITIQUES POUR LA DÉFENSE DE LA CONSTITUTION
(CPDC).CONTRIBUTION À LA CONCERTATION INITIÉE PAR LE MINISTRE D’ÉTAT CHARGÉ DE LA RÉCONCILIATION ET DU DIALOGUE NATIONAL INCLUSIF.Les partis politiques membres de la CPDC, la toute 1ère des coalitions des partis politiques, se sont réunis pour proposer ensemble leur approche et attente concernant le dialogue tant attendu. L’objet de l’actuelle rencontre est crucial pour le présent et l’avenir du pays à la suite du décès inattendu du Président de la République, Idriss DEBY.
Dans un État de droit, la disparition du Président de la République, aussi soudaine et inattendue soit-elle, ne devrait pas entrainer autant de turbulences. En effet, la Constitution de la République du Tchad comporte des dispositions susceptibles de nous sortir de cette tragique et inattendue situation.
L’abdication-démission incomplète du Président de l’Assemblée nationale et la prise du pouvoir par le Conseil Militaire de Transition (CMT) constituent ni plus ni moins un coup d’État. L’annonce de la perspective de l’organisation d’un dialogue national inclusif, après la mise en place d’un Conseil Militaire de la Transition, la promulgation d’une Charte de Transition, la constitution d’un Gouvernement de Transition et bientôt peut-être du Conseil National de Transition en lieu et place de l’Assemblée nationale, n’efface en rien le fait qu’il s’est bien agi d’une prise de pouvoir par des moyens non constitutionnels, c’est-à-dire d’un coup d’État.
La tenue d’un dialogue national apparaît ainsi comme destinée à ramener la charrue derrière les bœufs car manifestement la charrue était et est devant les bœufs, c’est-à-dire conférer la légitimité au processus de transition.
Depuis plusieurs mois, des voix se sont exprimées, des contributions en vue de la réussite de cette nième rencontre inter-tchadienne foisonnent. L’une des plus récentes est celle issue de la réunion officieuse de Lomé du 21 au 23 juin dernier et qui a vu la participation de quelques mouvements politico-militaires.
Comme chacun le sait, notre pays a toujours vécu dans des convulsions, de hautes et de basses intensités, depuis la création du territoire. Il est reconnu que cette situation de crise permanente a pour cause fondamentale la gestion calamiteuse et crapuleuse de l’État qui s’est traduite par :
le développement des injustices et iniquités ;
le déni du droit, le non-respect du droit et des droits de l’homme, la répression de toute voix discordante ;
le délitement de l’État dans toutes ses composantes et institutions ;
l’exacerbation du communautarisme belliqueux contrariant le vivre-ensemble et la construction d’une nation forte ;
le verrouillage hermétique du processus démocratique et des élections ;
la confiscation armée du pouvoir d’État avec son corollaire, la persistance de la contestation armée du pouvoir.
C’est dire que le dialogue à venir doit conduire à jeter les fondements d’un Tchad nouveau porté vers le développement et l’épanouissement social et culturel des populations dans toutes leurs diversités. Pour y parvenir, nous avons besoin d’une transition consensuelle, inclusive, dans la paix enfin pérenne.
Aussi, le dialogue à venir, pour être pertinent et porteur d’espoir, devrait :
Permettre un recadrage de la transition, en lui donnant une légitimité qu’elle n’a manifestement pas aujourd’hui. D’où son caractère souverain. C’est pour cela que la dénomination de Conférence Nationale Inclusive et Souveraine pourrait convenir.
Être inclusif, en ceci qu’il doit regrouper les représentants de tous les acteurs parties prenantes, à savoir les partis politiques, les mouvements politico-militaires sans exclusion, les organisations de défense des droits de l’homme, les syndicats, les organisations des femmes, les organisations des jeunes, les organisations des tchadiens de l’étranger, les confessions religieuses et les représentants des chefferies traditionnelles.
Les débats, lors de cette Conférence Nationale Inclusive et Souveraine porteront notamment sur :
La réforme des forces de défense et de sécurité, pour mettre l’accent sur l’urgence du toilettage des résolutions et conclusions des états-généraux de l’Armée ; faute de quoi il serait illusoire de parler d’armée républicaine.
L’équité et l’égalité de tous les citoyens bannissant toute discrimination ; d’où l’urgence de la mise à jour et de l’exécution des résolutions des états généraux de la Justice tenus il y a déjà dix huit (18) ans.
La réorganisation de l’administration territoriale en tenant compte des données historiques, culturelles et géographiques ; avec à la clé la sempiternelle problématique de la forme de l’État.
La mise en place d’un système électoral garantissant des scrutins libres, transparents, bannissant les restrictions et exclusions ;
L’adoption des orientations en vue d’une Constitution compatible avec les réalités actuelles de notre pays et leurs projections dans le court et moyen termes.
La mission principale de cette Conférence Nationale Inclusive et Souveraine étant la légitimation de la transition, celle-ci devrait aboutir à :
- La définition de la feuille de route de cette transition et de la durée de
celle-ci.
– La définition des organes et institutions en charge de la conduite de cette
transition (Conseil Supérieur de la Transition ou CST nouvelle version du CMT,
Gouvernement de Transition et Conseil National de la Transition) d’une
part, la définition des prérogatives de ceux-ci, ainsi que les incompatibilités
d’autre part.
- L’adoption d’une nouvelle Charte de transition en remplacement de celle
publiée par le CMT.
· La désignation des principaux animateurs de la transition (Bureau du CST,
Premier Ministre, Bureau du CNT).
· La mise en place d’un organe et des mécanismes d’accompagnement et
d’évaluation de la mise en œuvre de la feuille de route de la transition.
L’étape immédiate après les assises actuelles, sera la mise en place de la Commission préparatoire de la Conférence Nationale Inclusive et Souveraine. Une composition biaisée, orientée pour uniquement avaliser le fait accompli aurait des conséquences catastrophiques pour notre pays. Cette composition doit rassurer tous les acteurs, notamment ceux qui réclament depuis plus deux décennies la tenue d’un véritable dialogue inclusif. Ne nous y méprenons pas.
Telles sont les modestes propositions que les partis politiques membres de la CPDC croient utiles à ce stade. Merci d’y avoir prêté attention.
Fait à N’Djamena, le 25 juin 2021
Les partis politiques membres de la CPDC :
La Convention des Sociaux-Démocrates Tchadiens (CSDT)
La Convention pour la Démocratie et le Fédéralisme (CDF)
Le Rassemblement pour la Justice et l’Égalité au Tchad (RAJET)
L’Alliance Nationale pour la Démocratie et le Développement (AND)
La Convention Tchadienne pour la Paix et le Développement (CTPD)
Le Parti Socialiste Sans Frontières (PSF)
L’Union des Forces Démocratiques /Parti Républicain (UFD/PR)